ANTONIO VIVALDI (1678 – 1741)
Sonates e Concerti per Violoncello e altri strumenti
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Concerto per Violoncello e Cordi en la mineur RV 421
Sonata per Violoncello en mi mineur e Basso continuo
Concerto per Violino e Organo en ré mineur RV 541
(played with a violin tenor)
Concerto per Violoncello e cordi en si mineur RV 424
Largo en ré mineur from Concerto RV 316a
per Cembalo, Cordi e Organo
Sonata VI en sib Majeur per Violoncello e Basso Continuo
Concerto per due Violoncelli e Cordi RV 531
LES BASSES REUNIES
- Bruno Cocset : Violoncelle, alto et ténor de violon
- Emmanuel Jacques : Violoncelle
- Bertrand Cuiller : Clavecin
- Maude Gratton : Orgue
- Ryo Terakado: Violon
- Tuomo Suoni : Violon
- Simon Heyrick : Alto
- Richard Myron : Contrebasse
L’ensemble LES BASSES REUNIES est soutenu par la Ville de VANNES, Vannes AGGLO, la SPEDIDAM, le Vannes Early Music Institute, le Conseil Départemental du Morbihan.
Antonio Vivaldi, l’intime…
Sans négliger la fougue, c’est un Vivaldi intime que nous vous proposons de découvrir, décliné avec toute la palette des timbres graves des instruments dévolus habituellement au continuo… Dans ce jeu de couleurs et de matières sonores, Vivaldi libère les espaces, les temps et les affects. Il a cette faculté incroyable de passer en un instant du narratif au descriptif, du feu ardent à la méditation, du parlé-chanté-dansé au chant pur, du cheminement à la suspension du temps, de l’esquisse du drame au sourire heureux, du tumulte au calme interrogatif, du suave au piquant, du figuratif à l’abstrait… Mais cette riche palette qui semble naturellement prolifique et intuitive ne s’arrête pas à des binômes. Au contraire elle est proposée dans un jeu rhétorique d’enchainements, d’alternances et de dialogues qui se superposent, savamment dosés pour préserver la transparence, à la rhétorique plus convenue et structurelle de l’écriture de son temps.
Vous aurez compris que nous faisons partie de ceux qui l’aiment profondément, non pas seulement qu’il ait laissé aux violoncellistes près de trente concertos et 9 sonates, mais plutôt du fait que nous nous sentons proche de la multiplicité d’un langage qui se lit, se joue et s’écoute à divers degrés, selon le moment, l’état ou la possibilité pour chacun à le recevoir. Avec les sonates pour violoncelle, Vivaldi dégage donc un plaisir narratif aux multiples facettes. Dans le cadre apparemment appliqué et rigoureux de la sonate « corellienne » (quatre mouvements alternant lent – vif – lent – vif, toujours avec reprises), il emprunte tout à la fois à la danse (sarabandes, allemandes, gigues, siciliennes…), au bel canto naissant, à l’univers du concerto grosso par un jeu de « tutti – soli »… D’apparence simple et pouvant sembler à tort répétitif, ce langage obéit, malgré (et peut-être grâce à…) des libertés de forme qui respectent peu la symétrie des carrures de l’écriture, à une alchimie plus subtile qu’il n’y paraît, donnant à ces œuvres un équilibre inhabituel et une harmonie qu’une simple analyse ne peut toujours déceler.
Les mots manquent parfois pour traduire comme on le souhaiterait ce qui apparaît comme un subtil paradoxe, pour exprimer le caractère d’une musique qui renferme en elle une myriade de parcelles qui sont chacune un monde esquissé sans limite, comme le terreau de l’infinie richesse, une musique dont Vivaldi ordonne la mosaïque avec maestria. Sans doute sommes nous touchés par ce qui nous renvoie en nous même ou nous dépasse tout simplement, par petites touches, autant dans la simplicité, voire le dénuement ou l’abstraction qu’avec un esprit vif, jubilatoire et enflammé : après l’écoute ou le jeu, c’est bien ce qui reste, oscille et chante en nous au delà d’apparents bavardages, loin justement de tous les clichés qui ont parfois accompagné cette musique.
Bruno Cocset