« Il Violoncello… ou les mystères de Naples » est un programme consacré à l’autre patrie du violoncelle : Naples.
Si c’est bien à Bologne et en Emilie Romagne que le violoncelle et son répertoire sont nés à la fin du 17ème siècle, le Royaume de Naples va voir éclore dès le début du siècle des lumières une génération de violoncellistes virtuoses dont la renommée atteindra au gré de leurs pérégrinations les capitales européennes : Paris, Londres, Madrid, Vienne…
Les Basses Réunies mettront en lumière ces musiciens à la fois pionniers et acteurs de ces autres « Cello Stories ». Mais, pour mieux en comprendre l’essence et la singularité, ils s’attacheront à nous en faire découvrir leurs origines et, en musique, nous faire appréhender l’éclosion de cette fameuse « Ecole Napolitaine » qui va rayonner sur toute l’Europe.
Ce parcours commencera à la Renaissance, suivra le fil du temps et sera rendu particulièrement vivant par l’utilisation d’instruments rares : violes « vénitiennes » à l’influence espagnole, orgue renaissance, basses de violons du premier baroque, clavecin italien du 17ème siècle, violones, et enfin violoncelles et clavecin 18ème. Presque deux siècles de musique seront ainsi parcourus. Les liens entre le violoncelle et la voix ne seront pas oubliés : Naples est devenue la deuxième capitale européenne de l’opéra après Londres, une ville des mystères où la voix des castrats résonnera comme nulle part ailleurs. On comprendra mieux que notre instrument en fut un imitateur de choix grâce à sa grande étendue et sa capacité de conduire la ligne vocale avec sensualité, son registre remuant l’âme et les sens au plus profond.
Le voyage débutera avec l’incontournable Diego Ortiz « l’espagnol », pionnier européen du développement de l’écriture instrumentale, puis le madrigaliste Carlo Gesuldo dans une peu connue « Canzone Francese del Principe » pour le clavecin, La Suave melodie de Falconieri qui mettra en valeur la vocalité et le principe de la monodie accompagnée, Rocco Greco et les toutes premières pièces napolitaines écrites pour le violoncelle, une sinfonia du célèbre Giovanni Bononcini, Alessandro Scarlatti, Francisco Alborea, surnommé il Francischiello, qui convertira au violoncelle le violiste français Martin Berteau et dont Francesco Geminiani disait qu’on ne pouvait croire qu’un mortel pouvait jouer de façon aussi divine, qu’il devait s’agir d’un ange… Antonio Vivaldi dont des sonates inédites furent publiées à Naples, Nicola Porpora, le virtuose et déjà galant Salvatore Lanzetti…
Ce projet s’inscrit dans le cheminement de l’ensemble Les Basses Réunies qui depuis plus de vingt ans fait redécouvrir à la fois des répertoires oubliés et des instruments joués originellement pour ces musiques. Le luthier Charles Riché accompagne cette quête d’un geste qui unit musique, musicien, et instrument, recréant avec Bruno Cocset et ses musiciens de multiples violoncelles, violes, violones, basses de violons… Ce travail réunit également des facteurs de claviers : Philippe Humeau, Quentin Blumenroeder, Jean-François Brun…