Jean Barrière e Francesco Geminiani,
violoncellisti stravaganti
Ce programme met en miroir deux compositeurs emblématiques du répertoire du violoncelle au 18ème siècle.
Par leurs libertés de tons et leurs facultés à exprimer chacun les sentiments et affects qui les habitent, Geminiani et Barrière vont contribuer à l’identité expressive de l’instrument.
Servi par deux violoncellistes pionniers du violoncelle baroque et passionnés de relectures « historiquement informées » ce programme sera haut en couleur.
Francesco Geminiani – Sonates pour violoncelle opus V
Jean Baptiste Barrière – Sonates des 4 livres: Sonates pour le violoncelle avec la basse continue
Francesco Geminiani et Jean Baptiste Barrière : ces deux compositeurs sont bien à part dans le cœur des violoncellistes qui s’intéressent au répertoire du XVIIIe siècle… Le premier est un violoniste virtuose, un chef d’orchestre fantasque qui est parti chercher fortune à Londres où il jouera avec Haendel avant d’aller en prison pour trafic de tableaux… Sauvé par un protecteur irlandais, il va s’enrichir de ses rencontres avec des musiciens traditionnels. Sa musique pour violoncelle, publiée à Paris et à Amsterdam, est à l’image de sa vie : on sent un homme tempétueux, audacieux, qui semble constamment vouloir nous dire quelque chose que l’instrument seul ne suffit pas à traduire. De ce langage singulier naît une force narrative extraordinaire.
Jean Baptiste Barrière, originaire de Bordeaux, fera sa carrière de violoncelliste à l’Académie Royale de Musique, institution qui deviendra l’Opéra de Paris. On sait peu de choses sur sa vie, si ce n’est qu’il était un virtuose de son instrument, qu’il fit au moins un voyage en Italie pour se perfectionner auprès des maîtres italiens du violoncelle et que ses prestations au concert spirituel de Paris furent très remarquées.
Les 4 livres de sonates pour violoncelle et basse continue qu’il publie dans la première moitié du XVIIIe siècle sont d’une grande variété musicale – on y trouve un savoureux mélange de styles italien et français – et une véritable exploration technique et virtuose de l’instrument. Le fait que Barrière jouait également de la viole de gambe enrichit sa musique : on est en permanence plongé dans plusieurs univers et le ton est résolument libre. Il exprime une palette de sentiments et d’affects allant jusqu’au rayonnement de l’humour, l’éloquence sachant flirter avec l’extravagance…
Une rencontre entre ces deux musiciens fantastiques s’imposait, une manière d’honorer le violoncelle dans un dialogue à double sens : les deux compositeurs et les deux interprètes !
LES BASSES RÉUNIES
Bruno Cocset & Emmanuel Jacques : violoncello