« LES PASSIONS MELANCOLIQUES »
Henry Purcell : Fantazias & In Nomines – 1680
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In Nomine of six parts
Dessus de viole – violon – alto – basse en sol – ténor en mi – basse en sib
Fantazia 4 (June 10)
Violon – ténor en ré – basse en sol – basse en sib
Fantazia 2 (en do)
Alto – ténor en mi – violone
Fantazia 5
Dessus de viole – alto-ténor en ré – basse en sib
Fantazia 3 (en ré)
Alto – ténor en ré – violone
Fantazia Upon One Note (en ré)
Dessus de viole – violon-ténor en mi-basse en do-basse en sol
Fantazia 6 (June 14)
Violon-alto-ténor en mi – basse en sib
Fantazia 7 (June 19)
Dessus de viole – alto – ténor en ré-basse en sib
Fantazia 1 (en la)
Alto – ténor en mi – viole
Fantazia 8 (en si mineur – June 22)
Alto – ténor en mi – basse en sol – violone
Fantazia 9 (June 23)
Violon – alto – ténor en mi – basse en sib
Fantazia 10 (June 30)
Dessus de viole – alto – ténor en mi – violone
Fantazia 11 (August 18)
Violon – alto – ténor en mi – basse en sol
Fantazia 12 (August 31)
Alto – ténor en en ré – basse en sol – violone
In Nomine of seven parts
Dessus de viole – violon – alto – ténor en mi – ténor en ré – basse en sol – violone
LES BASSES REUNIES
- Guido Balestracci : dessus de viole, lyraviol
- Sophie Gent : violon
- Emmanuel Jacques : ténors de violon
- Mathurin Matharel : ténors et basse de violon
- Steinun Stefandottir : basse de violon
- Richard Myron : violone
- Bruno Cocset : alto a la bastarda, lyraviol et direction
L’ensemble LES BASSES REUNIES est soutenu par la Ville de VANNES, Vannes AGGLO, la SPEDIDAM, le Vannes Early Music Institute, le Conseil Départemental du Morbihan.
Henry Purcell : Fantazias & In Nomines
Les Basses Réunies : Consort of violins & violes
Publiées pour la première fois en 1927 (!) les quinze fantaisies pour violes de Purcell reposaient sous la forme d’un manuscrit au British Museum. Elles furent composées durant l’été 1680 par un jeune homme de 21 ans à l’orée d’une brève mais magnifique carrière de musicien et compositeur.
Elles symbolisent la fin d’une tradition instrumentale anglaise : la Fantaisie pour ensemble de violes, un répertoire unique en son genre qui perdura pendant deux siècles et qui représentait ce que la musique de chambre instrumentale pouvait avoir de plus parfait et élevé en Europe avant l’ère du quatuor à cordes.
Au moment où Purcell les écrit, il sait qu’elles sont anachroniques. Ce geste qui semble donc désintéressé (il n’essaie même pas de les publier), se fait l’éloge du contrepoint dans ce qu’il peut contenir de plus complexe ou inventif, allant jusqu’à nous troubler : un mélange à la fois d’audace harmonique et d’abandon nous entraine sur le terrain du mystère, voire du mystique… Jean Sébastien Bach ne s’en fera-il pas l’écho dans ses pages testamentaires de l’Art de la Fugue ? La mélancolie qui habite ces pièces (la plupart sont d’une tonalité mineure) ajoute à cette sensation d’une recherche d’un temps révolu, où l’âme et la sensualité pouvaient se rencontrer dans des sphères spirituelles et intellectuelles sans artifice, pures. Paradoxe se répétant au fil de l’histoire, cette démarche d’intériorité révèle finalement une modernité aigue et inattendue, à moins qu’elle nous touche simplement dans notre rapport à l’intemporel. En ne publiant pas, Purcell n’a en tout cas pas osé la confrontation avec le monde qu’il pressentait.
Pourtant certaines fantaisies sont bien empreintes de théâtralité… un monde qu’il affectionnera particulièrement par la suite.
Le choix de la viole, instrument noble par excellence semble également anachronique : Matthew Locke en 1660 avait été le dernier à trouver un éditeur pour son Consort of Music, il y mêlait pourtant le violon, pratique courante dans la deuxième moitié du 17ième siècle en Angleterre qui témoigne de l‘évolution du discours musical.
Chez Purcell l’homogénéité des voix est encore totale, et c’est cette mise en valeur de chaque voix qui m’a obsédé dans la reconstitution d’un consort qui mêle violons et violes du 17ième. Plusieurs instruments, hybrides, empruntent aux deux familles violes – violons, y puisant en quelque sorte à chacune le meilleur : richesse du timbre et développement des harmoniques pour que chaque voix prenne une part égale à la narration. Ils ont tous été réalisés par le luthier Charles Riché qui accompagne fidèlement tous mes projets musicaux depuis 1998.
Ce programme est l’occasion d’entendre tous ces instruments joués ensembles par les musiciens des Basses Réunies dans de multiples combinaisons de timbres et de couleurs, tissant au fil de cette lecture une véritable rencontre avec une mosaïque de matières sonores. Il n’est rien de moins qu’un aboutissement à nos nombreuses années de recherche, explorations du son et des répertoires.
Bruno Cocset